Votre société a signé un contrat commercial avec un partenaire commercial.
Votre entreprise travaille régulièrement avec un partenaire commercial sans qu'un contrat commercial ne soit signé, mais avec des devis, bons de livraisons et factures qui formalisent votre relation.
En effet, un contrat commercial peut exister alors même qu’il n’a pas été rédigé par écrit : si les conditions factuelles sont réunies, alors la réalité du contrat commercial ne peut être contestée.
Si vous souhaitez mettre fin à une relation commerciale, il faut s'interroger sur les modalités de cette rupture et les moyens d'éviter ou de limiter le risque d'un procès devant le tribunal de Commerce, par un par un partenaire commercial mécontent de se trouver évincé.
Vous avez besoin de conseils sur un contrat commercial ou pour une procédure devant le tribunal de Commerce : Vous pouvez prendre contact avec le Cabinet : Contact
Voir aussi notre article Comment résoudre efficacement un litige avec un partenaire commercial ?
1. Comment rompre un contrat commercial à durée déterminée ?
Le contrat commercial écrit peut prévoir une durée limitée (souvent entre 1 et 3 ans, voir 5 ans), avec possibilité ou non de renouvellement à l'issue de la période initiale.
Dans ce cas, on parle d'un contrat commercial à durée déterminée.
- Le principe : pas de rupture pendant la période d'exécution du contrat commercial
Le principe est simple : pas de rupture du contrat pendant sa période d'exécution, il faut attendre le terme du contrat pour que celui-ci prenne fin.
Attention : Bien relire les clauses du contrat. Il est parfois nécessaire à l'arrivée du terme (ou même 3 mois avant l'arrivé du terme) d'informer son cocontractant du souhait de rompre le contrat commercial.
- Les exceptions au principe
Il est possible de rompre le contrat commercial à durée déterminée en dehors du terme, dans les cas suivant :
- le commun accord des parties
- la faute contractuelle commise par l'une des parties
- la force majeure
- Toujours se ménager une preuve
Il faut toujours envisager une rupture par écrit et par lettre recommandée avec accusé de réception, même si ce n'est pas prévu dans les clauses du contrat.
En outre, en cas de rupture anticipée, il faut toujours réfléchir aux moyens de prouver le motif. En cas de contentieux devant le tribunal de commerce, vous devrez démontrer la réalité de ce motif.
- Si c'est une rupture d'un commun accord : bien formaliser par écrit le principe d'une rupture acceptée par toutes les parties. Le simple accord oral ne suffit pas, surtout en cas de litige ou de contentieux
- Si c'est une rupture pour faute contractuelle: Bien conserver les documents permettant de prouver la faute : courrier, mails.
Si besoin : bien penser à se constituer une preuve pour prouver un dommage/ une exécution fautive. Il est possible de faire un constat d'huissier, ou des phots, de solliciter des témoignages de tiers confirmant les faits....
2. Comment rompre un contrat commercial à durée indéterminée ?
La liberté contractuelle qui régit en principe le droit des contrats devrait permettre une rupture simple des relations entre commerçants.
Certes, la rupture reste libre dans la mesure où le cocontractant n’a pas à justifier ou à motiver les raisons de la rupture (contrairement à ce que l’on connait en matière de rupture d’un contrat de travail, où le licenciement doit être motivé).
Cependant, le droit commercial prévoit certaines règles à respecter pour la mise en œuvre de la rupture du contrat commercial. Il faut y prêter attention, puisque la rupture des relations commerciales, alimente un contentieux important devant le tribunal de commerce.
Ainsi, la partie qui souhaite mettre fin à un contrat commercial devra prêter attention aux deux points suivants :
- Relire les clauses du contrat commercial
Tout d’abord, vérifier les clauses de rupture prévues dans le contrat, ou dans les conditions générales de vente si elles existent.
Un préavis de rupture est souvent prévu, ainsi que, parfois des modalités de rupture (exemple : lettre recommandée avec AR).
Le préavis contractuel doit impérativement être respecté. Cependant, attention : le respect du préavis prévu dans le contrat commercial peut ne pas être suffisant (voir point 2).
Dans la mesure du possible, il est conseillé de rompre le contrat par lettre recommandée avec accusé réception, même si ce n’est pas une condition prévue dans le contrat.
Cela permet de donner une date certaine et de se ménager une preuve.
- Se ménager une preuve
Si une rupture doit être faite, il faut la notifier par écrit et, de préférence, le faire par courrier recommandée avec accusé de réception, même si cela n'est pas prévu dans les clauses contractuelles.
Cela permet de prouver la réalité écrite de la rupture et rend la date certaine.
- Eviter la rupture brutale des relations contractuelles
Le Code de commerce protège les commerçants de la rupture brutale des relations commerciales, surtout lorsqu'il s'agit d'une relation commerciale établie, qui les laisserait sans la possibilité de s’organiser et de « rebondir ».
C’est ainsi que l’article L. 442 -6-I-5° du Code de commerce prévoit qu’engage sa responsabilité contractuelle le commerçant qui rompt «brutalement, même partiellement, une relation commerciale établie, sans préavis écrit tenant compte de la durée de la relation commerciale et respectant la durée minimale de préavis déterminée, en référence aux usages professionnels"
La rupture brutale de la relation commerciale existe donc dès lors que le préavis est considéré comme insuffisant au regard de la réalité de la relation.
Attention : la rupture brutale peut exister, même si le préavis prévu par le contrat a été respecté.
La rupture brutale, considérée comme illicite par le code de commerce, peut être une rupture totale des relations commerciales, mais également une rupture partielle. Dans les deux cas, il s'agit d'une rupture abusive des relations commerciales.
La rupture brutale partielle des relations commerciales est reconnue par les juges notamment lorsqu’une baisse significative du chiffre d’affaires est intervenue sans préavis et en l’absence d’un commun accord. La modification des conditions commerciales antérieures caractérise également une rupture partielle des relations commerciales lorsque les changements ont un caractère substantiel, de nature à bouleverser l’économie du contrat.
En tout état de cause, que la rupture soit partielle ou totale, il convient de vérifier la forme du préavis, sa durée et ses conditions pour s’assurer qu'il ne s'agit pas d'une rupture abusive des relations commerciales.
Ainsi, la lettre de rupture doit informer le partenaire commercial de son intention claire et non équivoque de ne plus poursuivre les relations commerciales et la durée du préavis avant la fin des relations.
Ce préavis doit tenir compte de la durée de la relation commerciale et respecter la durée minimale de préavis déterminée, en référence aux usages du commerce, par des accords interprofessionnels.
La jurisprudence donne des informations sur l’appréciation de la durée du préavis : Les critères d’appréciation de la durée du préavis raisonnable le plus souvent invoqués par la jurisprudence sont : l’ancienneté de la relation commerciale, l’importance du courant d’affaires ainsi que les éventuels investissements réalisés. Il est également tenu compte de la dépendance économique du partenaire commercial ou à l’existence d’un accord d’exclusivité afin d’apprécier le caractère suffisant du préavis.
Si ces dispositions ne sont pas respectées et si la rupture est considérée comme rupture, le cocontractant fautif pourra être condamnée à des dommages et intérêts par le tribunal de commerce. Le montant des dommages et intérêts est fonction de la réalité du préjudice subi (perte de chiffre d'affaires, perte de marge...). C'est le tribunal de Commerce qui apprécie le préjudice.
Enfin, les dispositions sur la rupture brutales ne s’appliquent pas dans les deux cas suivants :
- En cas d'inexécution par l'autre partie de ses obligations
- En cas de force majeure
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Le Cabinet de Maitre Claire-Hélène BERNY, avocate à Lyon, intervient régulièrement en matière de droit commercial et devant le Tribunal de Commerce.
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